dimanche 21 mars 2021

13 - Une humble théorie : tout progrès extrinsèque lui correspond une avancée intrinsèque

 

 Le travail d’enseignant d’une matière permet d’être à jour quant à l’actualité vécue se rapportant à la discipline mais pas que, cela aide à rester présent en gardant contact avec son milieu voire même à devenir vivace. Le sujet dont on dispense l’enseignement donne à réfléchir. Les questions fusent à chaque détour d’un petit hic. On met en doute le savoir et on se rend compte que rien n’est statique. De nouvelles notions jaillissent. Des techniques inédites, aussi anciennes car démodées que nouvelles se mêlent.

Un maître conférencier en sciences ou autre, sera toujours œil et oreille pour toute nouveauté  dans le domaine des découvertes, des technologies et des innovations à tous les niveaux et reste à l’affût de toute publication qui tente d’apporter une solution aux problèmes posés de son époque ou du moins, bien les élucider.

De même qu’un médiateur culturel qui se trouve comme un pont entre des œuvres artistiques, le public d’un côté et les artistes de l’autre, se voit à la croisée des chemins entre des courants novateurs, de pratiques culturelles modernistes et de tendances, tentant de préserver la démocratisation de la culture d’un côté et sa survie de l’autre.

Ou encore, un professeur de langue, dont la tâche se veut de transmettre d’une manière horizontale, dans un contexte d’échange et d’interactivité, certaines pratiques et utilisations de l’expression linguistique ; mais qui est censé être à jour sur le contenu de sa matière ou ce qui est à la base de tout enseignement et apprentissage : l’information.

L’enseignement, la leçon, l’instruction, l’apprentissage et autres façons de la transmission du savoir supposent à la base un document vivant, lequel est chargé d’information. Un contenu qui questionne le savoir initial de tout apprenant, le confrontant à la problématique que cela pose et l’obligeant ainsi à douter, et par conséquent à penser autrement et à émettre de nouvelles hypothèses qui le feraient sortir de la situation de blocage, quitte à trouver une issue moins évidente à première vue mais qui peut s’avérer enfin être la grande sortie, la meilleure alternative ou l’unique qui puisse sauver la mise.

Ainsi, on ne peut avancer dans son acquisition de savoir et sa pensée sans revenir à soi. On ne pourrait apprendre sans se demander si « je le savais déjà ou non ? ».  On ne pourrait résoudre un problème quelconque si l’on n’interpelle pas sa mémoire et ses expériences personnelles de la vie. L’on ne peut évoluer dans son écosystème globale (psychologique, environnemental, sociétal, etc.) sans partir de soi. De ce qu’on sait, de ce qu’on fait, de ce qu’on ressent, de ce qu’on pense, bref de ce qu’on est.

Alors, ne serait-ce pas l’essence de toute méthodologie d’appropriation de connaissances nouvelles et d’avancée humaine ? Si.  Mais ça serait sans compter avec la complète interaction avec le cadre et l’espace qui environnent !

De plus simples exemples aux compliqués.

Faute de solutions qui viennent de l’observation de la nature alors qu’on était dans les premiers stades du développement humain, on a eu toujours recours instinctivement et inconsciemment aux expériences du vécu et des reliquats qu’il a gravés dans la mémoire et le cerveau. Aux commencements on a vu comment un incendie naturel cuisait des gibiers pris en guet-apens et de ceci on a appris qu’un feu pourrait rendre une proie plus comestible et savoureuse. De même résoudre une équation mathématique du 1er degré paraît abordable pour un initié qui a pris l’habitude du calcul mental (bien sûr les cas extrêmes existent bel et bien !). Dans un cas comme dans l’autre une expérience simple est mise en évidence à partir d’un contenu naturel (information observée) ou d’un contenu intrinsèque bien enregistré (information mémorisée). Au même titre, une pratique selon laquelle un être intervient volontairement pour déjouer des connexions neuronales bien établies chez lui, en pensant ou imaginant par exemple, qu’il va sentir un goût plutôt doux devant un citron bien acide, ou l’odeur d’un café bien chaud devant un thé froid, aura pour conséquence de créer de nouvelles liaisons de neurones dans son cerveau et donc de fortifier à la longue sa capacité d’autonomie et  de prise de distance vis-à-vis de ses jugement qu’il porte à son milieu. Il apprendrait ainsi à appréhender avec beaucoup d’objectivité ce qui l’entoure. Et de ce fait agir convenablement et en parfaite harmonie avec son univers.

L’individu a appris à changer lui-même dans la mesure où il se met à l’évidence que le monde qui l’entoure ne peut s’adonner à sa volonté et que, dans les cas bien forcés, la conséquence résulte plus conflictuelle voire dramatique. Les exemples à ce sujet ne manquent pas (réchauffement climatique quoique discuté, pollution industrielle, maladies nouvelles, pandémies virales incontrôlées, etc..). Quoique vous disposiez paisiblement et avec beaucoup de tact et de doigté un verre sur une table entourée par d’autres, pourrait ne pas correspondre à leur manière d’organisation ou d’art de table. De même vous demanderiez aussi gentiment que poliment à quelqu’un assis devant vous, vous empêchant de voir au cinéma par exemple, de ne pas trop bouger, et vous écouterez sans doute ce qui ne vous plairait pas. La seule action où l’on ne prend pas de risque est de contrôler plutôt ce qui se passe en soi !

Ce à quoi on pense.

Personne ne s’y interposera. On se libère des impondérables. On trouve des remèdes  aux maux et on fait preuve en fin de compte d’une « intelligence ».

Mais, force est de constater que de nos jours, l’intelligence n’est plus seulement l’apanage de l’être humain. Ne parle-t-on pas de l’ IA (Intelligence artificielle) ?

Et voilà un contenu, une information ou un thème qui bouleverse tacitement et lucidement notre manière de vivre, à considérer les domaines touchés par ce monde d’« algorithmes » comme on le définit simplement ou d’« informatique cognitive » comme on préfère l’appeler en marketing par exemple.

Cette imitation de l’intelligence humaine qui fait exciter les scientifiques et enthousiasme les chercheurs mais qui suscite beaucoup de craintes chez les plus érudits, fait encore l’objet de doute quant à la capacité humaine à rester maître de la situation ou viendrait-il un jour où on assisterait à un point d’inflexion et de non-retour, dans les cinquante années à venir selon « Stephen Hawking » pour ne citer que lui, où la vision fictionnelle portée par les productions cinématographiques hollywoodiennes, littéraires ou philosophiques, porteraient le dessus quand la machine prendrait les reines à la place de l’homme.

En tout cas le débat va bien loin. Si pour la masse, les robots présents depuis belle lurette dans  beaucoup de domaines, du médical au judicaire, de l’éducation à l’industrie en passant par la gestion et la logistique, ne pourraient développer une intelligence propre vue que c’est la projection de l’homme qui les régit et par conséquent, toute appréhension est injustifiée, la cerise sur le gâteau étant que l’homme est toujours capable de couper toute alimentation énergétique qu’elle soit, à toute machine en cas de détresse et à n’importe quel moment ; pour les savants par contre, une aptitude à déployer une certaine abstraction (et donc un esprit !) n’est pas une hypothèse à éviter.  Du moins dans les décennies à venir.

A ce sujet ne parle-t-on pas, si l’on fait sa petite recherche pour comprendre le jargon de l’« IA » et tous les termes et mots techniques qui s’y rapportent, du double apprentissage de la machine selon qu’il est « supervisé » (aidé par la programmation de l’homme) ou « non supervisé » (la machine se débrouille d’elle-même à force de la répétition !) ?

Ne parle-t-on pas de « machine learning » selon quoi l’ordinateur peut s’améliorer grâce à l’apprentissage ?

Ou de « réseau neuronal » inspiré du cerveau humain  pour la reconnaissance d’images ou de voix ?

Ou encore le « deep leraning » ou l’apprentissage profond selon quoi, le robot peut reconnaître et différencier des photos d’animaux par exemple. Et pour finir le « data mining » qui permet à « l’esprit robot » (si je me permets le terme !) de traiter de grosses données pour justement faire ressortir des corrélations, des modèles et prévenir des tendances futures !

A ce niveau et, toute réflexion faite, en prenant ses distances avec toute démêlé, et en laissant la science apporter plus de lumières dans sa lancée, qui élimine toutes théories infirmées et garde celles confirmées selon les expériences et les corroborations mondiales, l’attention est dirigée plutôt vers la manière de traiter le « document », l’information.  Il se trouve finalement que, le chercheur, pour interpréter adéquatement les résultats de ses épreuves, est confronté à bien définir les termes et les notions. Parler d’intelligence « artificielle » ou d’informatique « cognitive »  évince le problème posé. La problématique requise par le « document » support ! : C’est quoi déjà une intelligence ? avant de la qualifier d’artificielle ou autre.

L’homme est séparé de l’animal dit-on pour son intelligence, laquelle a été acquise à une certaine époque de l’évolution ayant permis à cet humanoïde de faire preuve d’« abstraction » et par conséquent de développer un « esprit », une « conscience ».

Au cours de notre processus d’avancement, l’homme s’est développé d’une manière intrinsèque. En cherchant à comprendre des phénomènes extrinsèques, il était obligé d’améliorer des aspects de son être et de son physique.

Pour apprendre et faire transmettre ses connaissances il a appris à développer ses capacités intellectuelles, émotionnelles, physiques et psychiques.

Au tournant actuel de l’ « IA », on se posera de profondes questions justement pour définir ce qu’est « un esprit », d’expliquer ce qu’est une « conscience » et de là à déterminer ce qu’est une « intelligence » notions strictement humaines, de telle sorte que, pour répondre aux questions imminemment posées par l’ « IA » et les appréhensions qui accompagne son progrès et sa lancé excitante, on serait amenés à chercher à connaître les composantes de soi-même comme humain et de son mode de fonctionnement.

C’est quoi l’ « abstrait » dont est capable l’homme ? Quelle est sa nature ? comment le définir et son mode de fonctionnement ? Une incapacité à y répondre équivaudrait à un tourner rond ! Un cul de sac !

Plus on sera amenés à chercher à développer les sciences et à progresser, plus on apprendra à se connaître dans notre essence même.

L’avancée extrinsèque de l’homme lui correspond forcément une progression intrinsèque.  

Et réciproquement, l’avancée vers soi, n’aboutirait-elle pas à une meilleure compréhension de ce qui nous entoure ?

Alors, la question de la domination possible de la machine à l’homme dans le futur n’est pas tentante, la science le prendra en charge et y répondra tôt ou tard, autant que la question de non-stop du perfectionnement de l’être humain voulant améliorer sa condition et son milieu de vie est subjuguante.

 

 

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